jeudi 23 février 2017

La nouvelle censure ou l’angoisse de la liberté

Au tout début de cette nouvelle année, nous écrivions dans ces colonnes que l'affaire de pédosatanisme, soulevée par Wikileaks (et surtout par des milliers d'anonymes dits « chercheurs de vérité » ou « détectives de vérité »), et que l'on appela rapidement Pizzagate allait connaître un développement inexorable malgré les efforts des média de masse acharnés à étouffer le terrible scandale ou à le faire passer pour une succession de fake news (fausses nouvelles) pour discréditer les enquêteurs trop curieux, trop dangereux, trop désintéressés, trop soucieux de la vie d'enfants innocents. Nous disions que l'avancée des recherches ne pouvaient plus être empêchée grâce à Internet et à la formidable liberté d'expression qu'il procure à tous ceux désireux de s'en servir à bon escient et non seulement pour jouer, visionner de la pourriture ou acheter des souliers chez Grolles.com.
La fluidité de l’information sur internet
Les forums, les enquêtes virtuelles et sur le terrain à Washington et ailleurs fournissaient, fournissent toujours, aux analystes souvent bien plus futés qu'un policier usé ou corrompu, les moyens d'apprendre et d'informer, d’échanger vite, de recouper leurs données, d'indiquer les directions à suivre pour confondre les démons qui agissent impunément. Il est impossible d'enrayer ce phénomène, d'étancher artificiellement cette soif, à moins, disions-nous que les gros et gras du Système se rassemblent et censurent brutalement le contenu de la grande toile. Evidemment, la clique à claques qui a le pouvoir de détruire n'importe quel site n'importe quand ne l’a pas encore fait d'une manière industrielle en vue d'une belle et grosse épuration comme elle sait si bien le faire, n'a pas opté pour cette manière forte qui ressemblerait à un aveu de culpabilité générale. Mais vu la manière dont les puissants se sont organisés pour limiter la propagation des informations compromettantes (qui compromettent objectivement leurs affidés), l'aveu est fait depuis longtemps pour celui qui a les yeux grands ouverts. Le Système, fonctionnant à partir de la manipulation des masses, de la domestication des foules, a encore, croit-il, la possibilité de prévenir ou de contenir l'épidémie de vérité en utilisant ses vieilles combines consistant d'une manière générale à se faire passer pour un père ne voulant que le bien de ses ouailles.

L’anticonspirationnisme d’hier
Il y a 25 ans, l'information paternaliste sur les prétendues « fausses nouvelles », sur les « dangereuses théories du complot » ne visait que les marges de la société, les recoins du microcosme intellectuel et universitaire. L'information ne se diffusait alors qu'au rythme d'une croissance arithmétique à une époque où la télévision cadenassée et les gros journaux la contrôlaient presque parfaitement. Il suffisait pour le Système de charger deux ou trois intellectuels de second ordre qui cultivaient un certain cachet apprécié d'un public susceptible d'être attiré par ce qui se cache derrière le dessous des cartes pour neutraliser dans l'œuf les pensées dangereuses et les efforts de dévoilement. Ainsi émergea un Pierre-André Taguieff, tâcheron obéissant, qui dépensa toute son énergie pour caricaturer l’extrême-droite qualifiée avec gourmandise de complotiste. L'apothéose de son labeur fastidieux se concrétisa à travers un livre, toujours compulsé par les journaleux serviles mais jamais mis à l'épreuve - bien injustement -, La Foire aux illuminés, avec ce titre si évocateur qu'il nous permet de ne pas résumer son contenu. Barruel, Taxil, Les Protocoles, les courriers d'Albert Pike, l'Indicible... et Icke et Raël dans le même sac ! La démonétisation par l’amalgame, lé discrédit par les comparaisons impossibles... Déjà, on repère là la volonté de toucher un plus large public non spécialisé dans certains thèmes politiques et peu au fait de l'histoire des conspirations. Nous étions entrés dans l'ère d'internet. Le danger était prégnant, aux alentours, partout et potentiellement explosif. Le temps des fausses et fuligineuses démonstrations anti-conspirationnistes couchées sur le papier de revues cryptomaçonniques comme Politica Hermetica (notamment son numéro 6 de 1992 à travers lequel Alain de Benoist s'essaie, en persiflant, mais lamentablement, à la « psychologie de la théorie du complot) est révolu au profit de la grosse machinerie propagandiste, populaire et coûteuse.
L’avènement de la propagande anticonspirationiste
Les ingénieurs du Système ont dû faire face à l'étonnante curiosité de jeunes gens, désabusés par la politique institutionnelle, populisme et néo-populisme y compris, dont cet étrange intérêt d'une grosse Fraction des adolescents et des jeunes adultes à l'égard de ce qui est caché. Bien sûr, le pouvoir a allumé de nombreux contre-feux pour détourner ! ce public des sujets sensibles et des tabous ; le procédé a fonctionné, souvent, très souvent, au point de ridiculiser ces nouveaux i amateurs aux yeux des bien-pensants. Les Martiens, les Reptiliens, les Petits Gris, les fantômes, les soucoupes nazies sous la glace en Antarctique, l'invasion extraterrestre, la Terre plate, la Terre creuse, la fin du Monde selon X, la conspiration des chats à Oulan Bator... Ces théories du complot, fabriquées sur commande, sont destinées à démonétiser toutes les autres, de plus en plus évidentes au fur et à mesure des recherches d'Internautes intelligents et désintéressés. Sur une toile qui ne serait pas contaminée par ces virus et autres croyances parasites souvent inventées de toutes pièces, la lumière jse répandrait aussi vite qu'un buzz, se diffuserait dans tous les foyers à une vitesse exponentielle. Ce phénomène s'est produit avec le Pizzagate de Washington DC. L'information sur l'horreur ne cessait de se répandre malgré le silence assourdissant des gros média. Devant l'inévitable qui déferlait, l'état-major a paniqué et a missionné ses troupes de journalistes afin qu'ils attaquent violemment cette enquête spontanée contre l'équipe du Comet ping pong et les "artistes" pédosatanistes. Même Bergoglio a participé à cette opération de sauvetage de toute urgence de l'engeance cruellement sectaire en évoquant « le mal engendré par les fake news ». C'est d'ailleurs à partir de ce moment, à la fin du mois d'octobre 2016, et début novembre 2016, que l'expression « fake news » a envahi les mass média pour avertir les masses de la nocivité de certaines nouvelles. Et ces masses n'ont rien vu, disent merci à leurs maîtres, merci de leur écraser la figure dans leur bidet. La réplique a d'abord eu lieu aux États-Unis mais depuis que Julian Assange a promis des révélations concernant la scène politique française, nos huiles hexagonales ont mis les bouchées doubles pour préparer l'opinion à l'incrédulité. L'idée est de "vacciner" le gros de la population, de l'empêcher de s'informer en lui faisant croire que les média « non vus à la télé », non évoqués dans les mass média - et ne faisant donc pas partie de la grande famille des informés ! - ne produisent que du faux. Les pourris ont mis les moyens, en improvisant...
La sanctuarisation des esprits naïfsA
Attention, prévenait il y a une quinzaine de jours le dirigeant emblématique de Wikileaks, attention, l’année 2017 va être très riche en révélations, et la caste "française" va souper, Emmanuel Macron en premier lieu. Quelques jours plus tard, Le Monde en première ligne, accompagné notamment du mastodonte Google et de  l'incontournable Facebook, a communiqué sur son nouvel  outil  anticonspirationniste et anti-fausse nouvelle ! Un petit bijou, sorti, dirait-on, de l'imagination d'Aldous Huxley, et pourtant bien réel, pinçons-nous. Son nom ? Le Decodex. Ou comment ne pas souffrir des tourments de l'incertitude. Comment éviter l'apparition de troubles cognitifs, facteurs d'angoisse antisociale. Comment continuer à vivre tranquillement sa vie d'asticot. Une autre référence s'impose, celle de Villiers de l'Isle-Adam qui avait imaginé dans ses Contes cruels une machine à raccourcir le deuil de l'orphelin (dans la nouvelle L'appareil pour l’analyse chimique du dernier soupir), afin de ne pas perturber par son malheur l’ordre social, afin que l'orphelin ne perde pas de temps en tristesse et nostalgie, afin qu'il se remette rapidement au travail et qu'il ne réfléchisse pas inutilement. Avec le De-codex, préservez votre quiétude d'intestin grêle. Prémunissez-vous des tourments de ceux qui recherchent la vérité au détriment de leur plus élémentaire confort. Vous voulez vous renseigner proprement sur une thématique précise sans risquer l'aventure, en échappant aux questions qui vous feront perdre du temps ? Poursuivons avec Villiers « À quoi bon penser, en effet ? De quel droit ? Et puis penser ? Au fond, qu'est-ce que ça veut dire ? Mots que tout cela ! Découvrons à la hâte ! inventons ! Oublions ! Retrouvons ! Recommençons et passons ! Ventre à terre ! Bah ! Le néant saura bien reconnaître les siens. » Avant de crever, visage à terre, évitons les questions susceptibles de nous faire relever le menton... La domestication de l'homme est en effet accomplie quand la vérité, à portée de main, est vomie parce qu'elle entraîne une remise en question des préjugés qui le bercent, et le froncement des sourcils des cadres du Système.
La lâcheté, la soumission, le nid douillet du mensonge, la conviction que la vie n'a d'intérêt que dans la satisfaction de désirs immédiats ou matériels quand l'humanité s'est transformée en long, très long tube digestif. Ainsi, sans grand scandale, Le Monde a pu présenter à la France rampante son Decodex. En écrivant le nom d'un site dans l'encadré de la page Decodex de la rubrique intitulée Les Décodeurs, l'internaute désireux d'éviter l'angoisse de la nouveauté, apprend immédiatement grâce à l'expertise de deux jeunes crétins (ignorants les subtilités politiques mais apparemment très engagés dans le combat libéral-progressiste de l’Open Society) s'il peut le visiter en toute quiétude, si ledit site jouit d'une bonne appréciation. C'est vrai, il est crucial de connaître l'opinion de deux jeunes salariés du Monde de moins de 30 ans pour qui Les InrocksVice et Slate en plus de leur canard nourricier sont des références indépassables. Grâce au Decodex, on apprend par exemple que RIVAROL est un journal pas très gentil, que Media-Presse info « ne recoupe pas suffisamment ses informations », que Jeune Nation est nationaliste et parfois complotiste et que Panamza est tenu par un journaliste musulman très conspirationniste qui a en effet déconstruit le scénario du 5 janvier chez Charlie. Il est cependant certain que la précipitation avec laquelle a été monté le projet Decodex témoigne de la fébrilité actuelle de toute une secte fétide appréhendant les éventuelles révélations de Wikileaks sur la sphère pédosataniste agissant en Hexagonie.
Qui sont les décodeurs ?
Les deux petits salariés responsables de cet appareil luttant contre l'angoisse du réel sont Samuel Laurent, cheveux gras et maillot de marin pour le reconnaître, et le gosse Adrien Sénécat. Samuel est évidemment le boss. C'est lui qui aurait eu l'idée du projet Decodex mais nous ne sommes pas obligé de le croire. Il fallait un outil adapté à l'épidémie de conspirationnisme, raconte-t-il. « Si on déconstruit les intox une par une, on ne va pas s'en sortir », déclarait récemment Sam. L'équipe d'Arrêt sur images était aux anges quelques jours avant l'inauguration de l'anxiolytique numérique : « Concrètement, à quoi ressemblera "Decodex", qui devrait être lancé le 1er février ? L'outil se déclinera en trois utilisations possibles. Un moteur de recherche, appelé «Vérificator», sera mis en place sur le site des Décodeurs. Le principe est simple : il suffit de rentrer l'adresse d'une page web ou le nom d'un site et "Vérificator" vous dira si cette source est fiable, ou non. » Avec le cadre Vérificator, on possède le Terminator de l'incertitude ! Finie la sensation d'errer dans des espaces interdits, nus . jamais vous ne quitterez Le Disneyland du Net ! Un instrument qui aurait coûté 60 000 euros selon Samuel Laurent qui avoue cependant ne pas connaître le montant exact de cette création financée par le Fonds Google. L'argent n'a jamais manqué pour les serviteurs zélés du Système.
On retrouve au côté, de Samuel Laurent un certain Adrien Sénécat, le petit nouveau du quotidien de référence issu du site... BuzzFeed, un magazine sur la toile d'une débilité affligeante spécialisé dans la diffusion d'informations sur la sexualité alternative, les faits divers salaces, et plein d'autres choses qui, il est vrai, n'intéressent pas vraiment les chercheurs de vérité. Voilà d'où provient le petit rigolo mandaté aujourd'hui pour juger de la qualité du travail de ceux qui s'intéressent à d'autres sujets que la taille des glandes mammaires de je ne sais quelle actrice X ou que ces gens qui s'introduisent des objets dans le nez... Oui, c'est ce bouffon qui liste les sites politiques en fonction de la crédibilité de l'information qu'ils relaient et selon la manière dont ils l'analysent. Un petit rigolo, disons-nous, mais un petit rigolo qui sait montrer les dents quand on touche à là culture dégénérée. Sans nul doute Adrien Sénécat a fait ses preuves durant l'été dernier quand il rédigea un article sordide sur l'exposition intitulée Berlinhard qui s'était ouverte le 13 juin à la galerie du Dernier Cri à La Friche la Belle de Mai à Marseille. Il s'agissait là d'un entraînement pour ce jeune très ouvert d'esprit, très ouvert sur l'art. Objectivement (et nous ne montrerons pas ici les photos de cette exposition), Berlinhard était une entreprise culturelle pédomaniaque et précisément pédosataniste (plusieurs tableaux de Reinhard Scheibner et de Stu Mead sont éloquents à ce sujet, "irréfutables"). Que disait Sénécat à ce sujet ? Tout simplement que les critiques nombreuses (et heureuses !) faites à rencontre de cette exposition découlaient « d'une orchestration » d'ultras, de l’extrême-droite méchante et qu'il était par conséquent inutile d'écouter et de prendre en considération ces protestations. Puisque des gens étiquetés patriotes et catholiques (parfois arbitrairement) parlent de pédopornographie, la vérité est automatiquement autre telle est la manière de penser d'Adrien Sénécat, poussin libertin, et telle est la manière de penser que doivent adopter les masses (manière de penser qu'elles ont déjà adoptée, parfois depuis longtemps, quand il s'agit de certaines thématiques). En l'occurrence, l'exposition horrifique devient sous la phraséologie de Sénécat un événement artistique banal, et la représentation d'une fillette de 7 ans violée par le Diable, au pire, une saine provocation... Pizzagate en France ? Même pas peur, les entend-on penser.
François-Xavier Rochette Rivarol du 16 février 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire