La conférence de presse par laquelle Frigide Barjot, flanquée de
responsables d’associations homosexuelles, réclamait jeudi à Paris la
mise en place d’une « union civile » en faveur des couples de même sexe,
semble avoir déclenché – enfin ! – une salutaire réaction. Nous
pointions dans Présent d’hier les slogans inacceptables et les
affirmations bizarres – réclamant « l’égalité des droits des enfants et
des homos » et annonçant « On lâche rien, on donne tout (sauf à François
Hollande) – par lesquelles la Manif pour tous était ainsi entraînée
vers l’objectif annoncé par Frigide Barjot depuis le début : faire mieux
reconnaître les « amours homosexuelles » et proposer une amélioration
du pacs pour désamorcer la revendication du « mariage ».
Cette proposition, défendue par l’UMP aussi bien à l’Assemblée nationale
qu’au Parlement, a été balayée par la majorité socialiste et dénoncée,
au fond, comme homophobe par le lobby LGBT.
« Moindre pire » ? Comment imaginer une telle démarche – même si on veut
prétendre qu’elle est « politique » – alors que la bataille contre le «
mariage » gay n’est même pas terminée et que la mobilisation des
opposants reste vive ? Pourquoi prendre ainsi en otage les motivations
de l’immense majorité des manifestants qui, soit ne réclame absolument
pas cette sorte de super-pacs, soit ignore tout des vrais objectifs du
lobby LGBT : faire accepter pleinement les mœurs homosexuelles et
interdire toute critique morale de celles-ci ?
Eh bien ! jeudi matin, une série de « tweets » émanant de Frigide Barjot
laissaient deviner un sérieux recadrage de l’« égérie » : celle qui
déclarait en janvier à la presse internationale que « tous » les
participants à la Manif pour tous devaient soutenir l’« alliance civile »
assurait jeudi : « Le mouvement d’opposition à la loi Taubira est très
large. Certains demandent l’Union civile, d’autres ne sont pas d’accord.
On discute ensemble. – Mais chacun se respecte, personne n’impose aux
autres. Tout le monde se retrouve sur le point commun : retrait de la
loi Taubira. »
Cela va décidément mieux en le disant, c’est ce qu’ici nous réclamions
depuis le début : que toute la mobilisation pour la famille ne soit pas,
malgré elle, entraînée derrière des réclamations qui lui tirent une
balle dans le pied. Peut-être Frigide Barjot aura-t-elle même assez de
bon sens, dimanche après-midi, lors du rendez-vous « festif et familial »
place Vauban, à Paris, de venir sans ses rainbow-flags (drapeaux
arc-en-ciel) aux couleurs de la Gay Pride et frappés du logo de la Manif
pour tous ?
Il faut noter aussi que celle-ci a désormais une présidente, Ludovine de
la Rochère, ancienne chargée de communication de la conférence des
évêques de France, qui s’est exprimée de manière nette dans Famille
chrétienne en déclarant que la Manif pour tous « n’a pas de raison de
prendre position sur l’union civile puisque ce n’est pas à l’ordre du
jour » ; elle ajoute que « Frigide Barjot soutient cette initiative à
titre personnel ».
Dont acte.
Cette clarification importante est-elle le signe de l’irritation
croissante des militants qui se sont levés si généreusement pour la
défense du bien commun ? D’une reprise en main par les poids lourds du
collectif de la Manif pour tous ? Quoi qu’il en soit, on ne peut que
s’en réjouir.
Et ce d’autant que la presse tente de faire croire à l’essoufflement du
mouvement, qu’un sondage IFOP annonce de manière appuyée que « 67 % des
Français » estiment que les manifestations devraient cesser, et que
François Fillon vient d’exprimer ses « réserves » sur la manifestation
nationale annoncée pour le 26 mai à Paris, après les rendez-vous
régionaux de dimanche et la probable montée en puissance des opérations
plus locales des « Veilleurs » et d’autres.
« La dernière chose dont la France a besoin aujourd’hui, c’est d’une
crise institutionnelle. Le rôle de l’UMP, c’est de préparer
l’alternance, pas de pousser les Français dans une contestation
passionnelle », a soutenu l’ex-Premier ministre. « Passionnelle », la
défense de la famille ? Mais alors ce sont des passions au service de la
raison, et d’une loi morale qui transcende la loi civile.
Il est vrai que la « droite » a oublié cette notion depuis longtemps.
http://leblogdejeannesmits.blogspot.fr/
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